• Sociologie politique des rumeurs / ALDRIN Philippe. - PUF, 2005. 

Au temps du tout communication, la présence persistante des rumeurs témoigne de l'existence de circuits clandestins incontrôlés d'information. Cet ouvrage considère la question des rumeurs sous un angle encore inédit, celui de la politique. Prenant le parti de faire une sociologie résolument compréhensive des rumeurs politiques, il se fonde sur des analyses de situations rumorales, des entretiens , des sources publiées. L'auteur analyse les interactions institutionnalisées ou fortuites où les acteurs sociaux échangent des informations politiques dont la véracité est encore douteuse. Dans chacune des situations observées, dire la rumeur, c'est au fond faire usage d'un répertoire d'énonciation particulièrement opératoires pour contourner les ordres, les contraintes qui pèsent sur la prise de parole en public.


Les manipulations de la parole sont devenues courantes dans les sociétés modernes. La démocratie, qui a placé parole au centre de la vie publique, paraît menacée par la prolifération des techniques qui visent à nous containdre, sans que nous nous en rendions compte, à adopter tel comportement ou telle opinion. La sensation diffuse de vivre dans un" univers menteur" n'est-elle pas à l'origine de formes nouvelles d'individualisme et de repli sur soi ? Toutes les méthodes de communication et de débat sont-elles bonnes dans un espace public qui se prétend démocratique ? L'auteur s'efforce de répondre à ces questions en décrivant les différentes techniques de manipulation qui saturent notre environnement, à partir de nombreux exemples pris dans les domaines de la politique, de la publicité, de la psychothérapie et de la communication.

  • Le complot miroir du 21e siècle, Square Idée, Arte Campus, 2024, 26min.

Emblématique de la bonne santé du conspirationnisme, la pandémie de Covid-19 a donné lieu aux théories les plus folles sur Internet et les réseaux sociaux.

Diffuse et incontrôlable, la théorie du complot nie le hasard et les probabilités. Internet lui donne les moyens d'une expansion inédite, phénomène qui s’est récemment déchaîné avec la pandémie liée au coronavirus. Celle-ci a engendré sur le Web et les réseaux sociaux les théories les plus fantaisistes. En s’attaquant systématiquement à la rigueur intellectuelle et aux preuves scientifiques, le complotisme crie à la manipulation, faisant le lit du populisme, qui prospère sur le discrédit du débat démocratique.

Les limites du droit aux doutes revendiqué par les complotistes, lorsqu'ils s'obstinent à refuser la connaissance pour revendiquer leur version des faits. "Dans le Discours de la méthode, Descartes met en garde contre la posture de doute absolu adoptée par ces « sceptiques » qui « ne doutent que pour douter, et affectent d’être toujours irrésolus [5][5]René Descartes, Discours de la méthode, éd. 10-18, 1973 [1637],… ». « Le scepticisme de principe, complétera Marc Bloch, n’est pas une attitude intellectuelle plus estimable ni plus féconde que la crédulité avec laquelle il se combine aisément dans beaucoup d’esprits un peu simples [6][6]Marc Bloch, Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien,…. » Obstiné, fermé à toute contradiction, guidé par son obsession, le « doute » du complotiste confine plutôt à une « radicalisation du soupçon » (Taguieff)."