Depuis la révolution numérique, les conflits géopolitiques se déploient dans des espaces virtuels dont la nature est en constante évolution. Qu’ils soient démocratiques ou autoritaires, les États adaptent leur stratégie de puissance de façon à mieux maîtriser les effets de la propagation instantanée de l’information, ainsi que ses nouvelles possibilités de manipulation. Certains utilisent le cyber et les médias pour porter atteinte à la souveraineté de leurs adversaires et perturber le fonctionnement de leur société et de leurs infrastructures de défense. Cet ouvrage étudie les trois dimensions qui caractérisent les guerres de l’information. Il explore le fonctionnement technique des conflits informationnels (couches basses de l’Internet, ciblage et amplification). Il examine ensuite les stratégies de plusieurs acteurs-clef de la scène internationale (Chine, Russie, États-Unis, Grande Bretagne, France, Japon), mais aussi d’États pivots (Iran, Israël) et de pays relativement isolés (Corée du Nord, Qatar). Enfin, il s’interroge sur les réponses juridiques et institutionnelles apportées pour répondre à la désinformation et réguler ces nouveaux espaces de conflictualité. 


Par quelle mécanique une théorie complotiste née dans l’imagination de quelques-uns parvient-elle à devenir un phénomène culturel majeur ?
11 septembre, vaccins, premiers pas sur la lune, sionisme, grand remplacement… Hier cantonnées aux marges, les théories les plus improbables ont gagné en audience et en respectabilité. De l’internaute anonyme au chef d’Etat populiste, des librairies spécialisées aux plateformes de streaming, des cafés du commerce aux plateaux télé, on les retrouve désormais dans toutes les strates de la société. 

"L’irruption dans nos modes de vie des nouvelles technologies liées au déploiement du réseau Internet a-t-il changé fondamentalement le rôle et la place des techniques de manipulation de la parole ? Oui et non. La structure des procédés utilisés, tels que nous les avons examinés jusqu’à présent, n’a pas été modifiée. On ne connaît guère de nouveauté dans ce domaine. La désinformation y reste un trucage du réel rendu habilement crédible, afin de fausser le jugement de celui qui est ainsi abusé, la propagande y demeure la traditionnelle déformation du réel s’appuyant sur le recours à l’émotion, l’esthétisation du message ou le trucage du raisonnement, afin de paralyser les capacités d’analyse. De ce point de vue, fondamental, rien ne change. Les nouveaux supports technologiques n’ont entraîné aucune modification dans la structure de la manipulation.

En revanche, la multiplication des supports de diffusion grâce aux nouvelles technologies, leur pénétration en profondeur dans l’opinion, les transformations dans le rapport au temps qu’ils provoquent, l’affaiblissement des médiations qui jusque-là exerçaient une certaine fonction de validation de la parole, la dilution et l’affaiblissement des contrôles normatifs, ont eu une fonction d’amplification et d’accélération de toutes ces formes de manipulation."


Fautes d'obtenir les données des réseaux sociaux, les chercheurs doivent mettre au point des expériences pour tenter d'estimer l'adhésion des internautes aux fausses nouvelles. Ces travaux menés depuis six ans, se dégage un consensus scientifique sur ce que les fake news disent de notre consommation d'information. Mais sur leur impact réel... Rien. Trois obstacles méthodologiques expliquent cette impasse : la difficulté à définir ce qu'est une fake news, à cerner et évaluer son impact et l'impossibilité d'accéder aux données des réseaux sociaux.


La prolifération de fake news en ligne ne cesse de susciter des inquiétudes dans le débat public. Pourtant, les résultats d’un nombre croissant d’enquêtes empiriques sont plus nuancés. Pour comprendre ce décalage entre le discours public et la littérature scientifique, cet article prend appui sur les travaux de sciences sociales soulignant l’apport des études de réception ainsi que les limites des méthodes de “big data”, et décortique six idées reçues sur les fake news.